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Commission Sexta de l’EZLN, Pistes zapatistes (La pensée critique face à l’hydre capitaliste), Albache/Nada/Union syndicale Solidaires, 2018, 500 p.

Cet ouvrage important reprend les interventions tenues lors d’un séminaire organisé en mai 2015 au Chiapas par la Commission Sexta de l’Armée zapatiste de libération nationale (EZLN). Ce qui frappe en premier lieu à sa lecture, c’est l’esprit dans lequel il a été conçu. En effet, il ne s’agit pas pour les organisateurs de « favoriser des adhésions » aux analyses présentées, mais plutôt de « provoquer des idées » pour poser la question du « et ensuite ? ». L’une des forces de cet ensemble de textes est de décrire le système capitaliste comme une hydre. Précisons : au sens mythologique, l’hydre est un monstre fabuleux à plusieurs têtes qui repoussent en double à chaque fois qu’on les coupe ; au sens littéraire, c’est quelque chose qui se développe monstrueusement sans que l’on puisse le détruire. L’image est, on le voit, parlante et traduit bien le sentiment commun que le système capitaliste apparaît comme particulièrement difficile à combattre : on imagine mieux la fin du monde que celle dudit système… Pourtant, les zapatistes ne se résignent pas et inventent, innovent, explorent de nouvelles pistes sur la longue durée pour construire l’autonomie de leurs communautés, sans illusions et sans regrets. Malgré le caractère inégal des contributions, on y trouvera de nombreuses pépites et des réflexions roboratives, souvent non dénuées d’humour. Ainsi, quand les zapatistes revendiquent « combattre pour ne rien recevoir du gouvernement ». Ils analysent aussi avec une grande lucidité la tempête – plus qu’une grande crise économique – qui s’annonce, marquée par les « catastrophes environnementales non naturelles », la « perte de légitimité des institutions traditionnelles » ou « la corruption scandaleuse des classes politiques qui frise la psychopathie » ou encore les « us et coutumes d’une classe politique corrompue » tournés vers « le crime organisé ». Pour eux, « la pensée critique [a] été remplacée par la philosophie postmoderne » et Google se substitue à l’étude et l’analyse. Dans un contexte où, ici comme ailleurs, « le vieux » est « désormais vêtu de neuf », on peut attribuer le chaos à « l’incompétence, la corruption et la maladresse » des gouvernants ou au fait que cet état appellera nécessairement un nouvel ordre encore plus favorable aux intérêts dominants. En bref, « dans son étape actuelle, le capitalisme est une guerre contre l’humanité entière, contre la planète entière. » On ne saurait mieux dire…

LS

Texte transmis par la révolution prolétarienne, revue disponible à Marseille à la librairie L’hydre aux Mille Têtes, Transit et l’odeur du temps.

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N° 802 (septembre 2018)

Auteur/autrice

c.goby@wanadoo.fr

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